LE FONDS PERMANENT
Conformément à la volonté d'Aragon, la Maison Elsa Triolet - Aragon est un lieu vivant, ouvert à la création contemporaine.
Des expositions (peinture, sculpture, photographie) ainsi que des rencontres et des spectacles musicaux y ont lieu toute l'année. Depuis l'ouverture au public en 1994, de nombreux artistes sont passés par la Maison, et ont laissé des oeuvres dans le fonds permanent.
En plus des oeuvres présentes dans la partie de la Maison habitée par Elsa Triolet et Aragon, telles celles de Picasso, Fernand Léger, Boris Taslitzky et bien d'autres, d'autres œuvres d'artistes contemporains sont venus enrichir nos collections.
"Fini la fameuse Alice de notre enfance, le visage doux, la chevelure dorée, vêtue de sa robe bleue et de son tablier blanc. Place à une nouvelle icône, plus moderne et entièrement revisitée... Alors que les écrits restent fidèles aux textes "Alice aux pays des merveilles" et "De l’autre côté du miroir"de Lewis Carroll, les illustrations de Pat Andrea apportent une dimension nouvelle.
"Dans ses peintures dites de chevalet, il met en œuvre des techniques diverses: collages peints, papiers déchiré. Sa peinture associe le géométrique et le gestuel. Des accents pigmentaires savoureux, l'utilisation de projections très contrôlées ponctuent des espaces, où un savant encombrement laisse deviner comme des points de fuite, vers un au-dehors ou au-delà de la peinture..." Jacques Busse
« L’endroit des figues, c’est le figuier. Beaucoup de mes peintures sont parties de là - une Figure qui voulait entrer dans la peinture... J’ai commencé ces tableaux avec la peinture que j’avais au bout des doigts - avec l’espoir d’être - enfin - en pleine peinture... un paysage tout entier - une somme - quelque chose que la peinture attend... avec une grande tache jaune, comme le tablier de Rembrandt... l’autoportrait de New-York... »
Le minutieux travail de Jean-Jacques Deleval fait passer des Betty Boop, des Mickey et des Minnie de l’autre côté du miroir, celui de la modernité absolue et de l’imagination. Il crée de nouvelles réalités hyperréalistes, mélangeant le street art à la peinture ancienne.
Franck Delorieux, membre du comité de rédaction des Lettres Françaises, auteur de "Roger Vaillant, libertinage et lutte des classes" est également un photographe de talent. Il introduit une forte dimension onirique et sensuelle dans cette oeuvre faisant partie d’une suite de photographies qui mêlent sculptures et fleurs et qui lui ont été inspirées par "Les Métamorphoses d’Ovide".
"Les toiles d’Erro vous regardent un peu de haut - et toujours de face. Elles vous toisent et vous menacent. Des visages se crispent, des yeux brillent, des armes sont brandies, des corps bondissent, des cris semblent jaillir de tant de bouches ouvertes. Leur violence est directement proportionnelle à la violence des imageries qui les alimentent inlassablement en héroïnes et en héros." Philippe Dagen
"De cet espace, considéré comme lait nourricier de nos pulsions secrètes et de nos rêves, Féret est le peintre attentif. Ses toiles, par leurs titres, "le travailleur de l'espace" ou "Voyage-espace", disposent les balises d'une quête ininterrompue de la beauté, dans sa dimension la plus contemporaine. L'espace, celui des stations mises sur orbite, des grandes machines dentées et déchiquetées, broyeuses d'utopie, il l'ausculte et l'explore. " Charles Dobzynski, in "Faites entrer l'infini" n°13
"À la Défense, c’est le béton qui domine, qui écraserait l’homme sans le pouvoir de l’imaginaire. Gaspari ne veut pas d’un homme broyé par la civilisation. C’est un tendre, un poète. Dans ces replis de fer, ces murailles d’acier, il inclut des nuages pacifiques. Il emprisonne des formes blanches et fantomatiques, sinueuses et marbrées, comme des signes quasiment religieux." René Jourdan
"Sculpteur et peintre, Giai-Miniet brouille les cartes avec une dextérité mentale qui nourrit d’une façon très personnelle son travail de créateur. Quel est ce monde que l’artiste dissèque avec un impitoyable regard ? Un univers déshumanisé dont il nous restitue, avec une minutie troublante, obsessionnelle par son voyeurisme implacable, les strates d’une civilisation engloutie." Lydia Harambourg, La Gazette de l’Hôtel Drouot n°35, 2005
L’artiste peint à l’horizontale, la toile vierge posée au sol. Il ne veut plus être dérangé, il est seul, fait corps avec son œuvre. Il utilise le carton ondulé, travaillé en larges aplats de peinture et en longues déchirures, collé sur la toile peinte ou sur des tissus imprimés.
Comment peindre Bérénice, cette femme multiple, celle dont, comme dit Aragon, "il semblait que les traits ici réunis appartinssent à plusieurs femmes distinctes", celle qui fascinait Aurélien... Sous nos yeux, François Hilsum tord, courbe, atomise, fragmente l'incendie de ses couleurs pour nous engager dans le songe d'un portrait qui nie l'abc du portrait tel qu'on se le représente habituellement, tel que notre quotidien l'attend
Artiste pochoiriste issu de la première vague de “street art” des années 80, Jef Aérosol souligne en noir et blanc, désigne d’une mystérieuse flèche rouge la poésie d’anonymes et d’illustres qui colorent nos vies. Son empreinte est visible sur les murs de nombreuses villes, traversant toutes les frontières.
Un mur est consacré à ses « 70 Variations Psychanalytiques sur le portrait de Tristan Tzara ». C’est une invitation à entrer dans la tête de Tristan Tzara. Dialogues nocturnes entre un peintre et un poète. Quand les images et les mots croisent leurs magies et leurs artifices à l’heure du Dada et du surréalisme.
"Au début, avant la peinture, le cinéma, le monde projeté sur la toile, mon école buissonnière de l'art. Puis vient la peinture... L'expérimentation permanente La mutation du "sujet" au fil du temps métamorphose Métamorphose organique, au fil des années... Vers une forme de vie élémentaire. Un signe élémentaire."
"Tous les évènements politiques m’impressionnent...A l’origine de toute création artistique, il faut une émotion. Très souvent, chez moi, elle est de nature politique, même quand je peins des Mickey, des musiciens de jazz, des voitures ou des stars de cinéma. Le journaliste et le photographe sont plus présents sur l’évènement et plus rapides en communication. Mais le peintre a le temps pour lui, le temps de s’enfoncer dans la chair du temps. Cela s’appelle l’histoire. "
"Anne Slacik célèbre les couleurs pour elles-mêmes. D'habitude on dit volontiers qu'un peintre "utilise" les couleurs pour montrer ou dévoiler un sujet. Ici au contraire la couleur n'est pas "utilisée". Elle est la fin elle-même, elle est le sujet même de la toile, comme si l'on pouvait dire - avec ingénuité - qu'elle donne à voir la couleur même, dans son élan, son mouvement, son énergie, son épopée mais aussi sa fragilité, ses hésitations, sa fluidité, son ad-venir."
Roger Somville avait exposé en 2005, il est décédé en 2014. Il est présent au Moulin avec une toile très colorée, Le triomphe des bleus clairs, qui présente un portrait comme l’artiste aimait à en réaliser : des tons très vifs saisi dans leurs oppositions, un fond calme et limpide faisant ressortir la fragilité et la beauté du visage humain.
"L'art de voir les tableaux" On voit la grande forme, aux contours et aux contrastes d'un seul coup jubilatoires et on lit le détail des dessins qui accrochent et mobilisent le regard. L'association de ces deux façons de voir - la grande forme et le détail- engendre un sentiment de libération. Chaque tableau est un grand livre dont toutes les pages pourraient être déchiffrées en même temps.
Dans les toiles d’Antoni Taulé, il se dégage une atmosphère irréelle, à la fois romanesque et onirique. On entre dans ses grands formats attiré par la lumière. Une lumière venue d’une fenêtre le plus souvent et qui aspire le regard comme le seul point de fuite possible dans un espace plongé dans l’obscurité.Où sommes- nous ? se demande-t-on, intrigué par ces lieux mystérieux dans lesquels on peut imaginer mille passés.
Vladimir Vélickovic a confié à la Maison une pièce somptueuse prélevée dans la série de celles qu’il a consacrées à un hommage rendu au célèbre retable d’Issenheim de Mathias Grünewald, conservé aujourd’hui au musée d’Unterlinden à Colmar. C’est une étude présentant le corps douloureux du Christ saisi dans une intensité humaine particulièrement frappante.