top of page
claude viallat
peinture
EXPOSITION TEMPORAIRE
Du 03 septembre au 30 novembre 2022
Tous les jours de 14h à 18h

En 1982, Aragon punaisait sur les murs de son appartement parisien le carton d’invitation de l’exposition de Claude Viallat au centre Pompidou. Quarante ans plus tard, Viallat revient sur les murs d’Aragon. Il décline, dans ses créations récentes, le motif caractéristique de son œuvre depuis 1966 sur des toiles libres (draps, parasols, bâches polychromes ou toiles de tentes). Il bouleverse ainsi le système traditionnel de présentation de la peinture.

Des références multiples se trouvent revendiquées par l'artiste : Matisse et Picasso mais aussi Simon Hantaï et les Américains Jackson Pollock, Sam Francis, Jules Olitski, Morris Louis et Kenneth Noland... ; elles servent à construire une œuvre polymorphe qui intègre également la pratique du dessin tauromachique.

L'œuvre du peintre Claude Viallat appartient à une esthétique née au milieu des années 1960, pour laquelle la question du renouvellement total des formes n'est pas pertinente. Partir d'une forme première, la développer et la différencier, la faire évoluer dans le temps et l'espace sans abandonner la configuration d'origine, telle fut dès 1966, la problématique de Viallat. Dans un ouvrage publié en 1976, Fragments, l'artiste écrit à ce propos : « La notion de redites, de séries ou de répétitions, devient une nécessité de fait. [...] Une toile – pièce – seule n'est rien, c'est le processus – système – qui est important. » Le travail de Viallat est donc à comprendre comme un principe unique aux ramifications multiples et aux métamorphoses internes posées comme nécessaires.

Claude Viallat et Supports/Surfaces

Claude Viallat a été et reste le protagoniste le plus déterminé et le plus influent de Supports/Surfaces. Ce groupe, dont la brève existence fut riche en péripéties, s'inscrit désormais, dans l'histoire de l'art au XXe siècle, comme la dernière avant-garde. Il fut, en effet, l'ultime mouvement qui, dans le jeu paradoxal de ses contradictions, caractéristiques de la modernité, a voulu, certes non pas mettre fin à l'art, mais en finir avec une esthétique dont il lui fallait faire table rase pour en quelque sorte refonder l'art, un art enfin délivré de toute fiction et de toute illusion. […] En évitant les écueils du matérialisme mécaniste, es artistes ont entrepris une déconstruction du tableau, de l'œuvre d'art en ses éléments constituants qui est à mettre en parallèle avec la démarche des artistes minimalistes américains dont ils récusaient cependant le pragmatisme phénoménologique parce que, selon eux, il faisait trop peu de cas de l'histoire.

C'est ainsi que dans le cadre d'un matérialisme plus présocratique que marxiste, chacun d'eux a entrepris de 

"travailler" un élément constituant matériellement le tableau et d'en décliner le paradigme. L'œuvre se définit ainsi comme le résultat d'un mode opératoire appliqué à un support et à un matériau dont les propriétés spécifiques, organiques, sont, en quelque sorte exaltées et portées à la plénitude de la forme. […]

Nous sommes, souvenons-nous, à la fin des années 60. Supports/Surfaces est un symptôme et un constituant de ce moment effervescent de la création et de la pensée modernistes. Proches à la fois des philosophes, des poètes et des écrivains de la revue Tel Quel, qu'animent Philippe Sollers et Marcelin Pleynet, proches des fidèles d'Althusser et de Barthes, les artistes de Supports/Surfaces ont procédé, dans le champ de leur pratique, selon une méthodologie assez semblable à celle que constituaient, alors, les grammairiens structuralistes dans leur étude des constructions signifiantes du langage. De même, c'est à travers les filtres de la psychanalyse, selon Freud et Lacan, qu'ils s'employèrent à analyser leur attitude consciente et inconsciente dans le processus créateur au cours duquel ils articulaient leur travail de peintre aux enjeux théoriques qui le définissaient. [...]

Que nous reste-t-il des années Supports/Surfaces ? Que nous reste-t-il des années Supports/Surfaces dans l'œuvre de ses protagonistes ?

Il nous reste le parfum de l'un des moments les plus brillants, les plus intenses de la vie intellectuelle de l'après-guerre, le souvenir d'un enthousiasme rare qui portait à croire que tout pouvait changer. Il nous reste surtout des œuvres, dont aujourd'hui nous éprouvons, comme malgré leurs auteurs, la Beauté. Une Beauté, pour reprendre au compte de Supports/Surfaces l'intense formule d'André Breton, convulsive, mais aussi dérangeante, agressive et pourtant si décorative car nous donnant à voir l'absolue simplicité élémentaire de la Forme. […]

Bernard Ceysson (Galerie Ceysson & Bénétière)

Claude Viallat

Né en 1936, à Nîmes. 

Vit et travaille à Nîmes.

 

Claude Viallat a étudié à l'École des Beaux-Arts de Montpellier de 1955 à 1959, puis à l'École des Beaux-Arts de Paris en 1962-63, dans l'atelier de Raymond Legueult. En 1966, il adopte un procédé à base d'empreintes, qui l'inscrit dans une critique radicale de l'abstraction lyrique et géométrique (dans la technique dite All-over). Une forme neutre, ni naturelle ni géométrique, est répétée sur une toile libre, sans châssis, déterminant la composition de l'œuvre. En 1970, il est membre fondateur du groupe Supports/Surfaces.

Outre le succès grandissant de ses expositions tant en France (au Centre Pompidou en 1982) qu'à l'étranger (Biennale de Venise en 1988), il se consacre à son travail d'enseignant dans les écoles d'art de Nice, Limoges, Marseille, Nîmes (où il a été directeur de longues années), enfin Paris à l'École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Désormais à la retraite il continue ses recherches exploratoires.

Bernard Ceysson (Galerie Ceysson & Bénétière)

IMG_7941.jpeg
bottom of page